François Hollande est donc notre nouveau président de la République. Je devrais plutôt dire que Nicolas Sarkozy n'est plus notre président de la République car il semble plus juste de dire que la répulsion à l'égard du petit satrape de l'Ouest parisien a joué un rôle déterminant dimanche dernier. Nous étions loin en ce mois de mai 2012 de la liesse populaire qui accueillit la victoire de Mitterrand en 1981. A croire qu'on ne sait plus se bercer d'illusions en ce bas-monde...

Les urnes ont rendu leur verdict, François Hollande est président et le projet d'aéroport sur Notre-Dame-des-Landes est remisé dans un tiroir1. C'est déjà ça de gagné. Les efforts conjugués des militants radicaux, des écologistes, des élus et d'une partie importante de la population locale ont donc eu raison pour l'heure de ce projet contesté et contestable. C'est un camouflet pour Jean-Marc Ayrault et les socialistes locaux mais ils sauront s'en remettre, comme il se sont remis jadis de l'abandon de la construction d'une centrale nucléaire au Carnet, projet qu'ils soutinrent dans les années 1980 du temps des Rocard, Cresson et Bérégovoy. Hollande a pris la bonne décision. Pourquoi s'encombrer d'un projet brinqueballant, onéreux et fâcheux pour un de ces bras droits alors que la zone euro est en pleine panade !

Hollande est un chanceux. Durant la campagne, il a dit et répété qu'il saurait trouver les mots pour convaincre Angela Merkel de revenir sur la politique économique en cours dans la zone euro. A droite, tout le monde lui a ri au nez. Mais voilà que de plus en plus de voix s'élèvent dans les cercles économiques et politiques, y compris libéraux, pour admettre enfin que rajouter de l'austérité à l'austérité n'est pas le meilleur moyen de faire revenir la croissance, l'emploi et la confiance. Quelle aubaine !
Evidemment, Angela Merkel, comme tout être humain, n'est pas prête à perdre la face. Elle sait que la bonne santé économique de l'Allemagne dépend de sa capacité à trouver des acheteurs au sein de la zone euro ; qu'en conséquence, une Europe en pleine récession plomberait son commerce extérieur. Elle sait donc qu'elle va devoir signer un compromis pour sauver la zone euro, éviter un effondrement total de la Grèce et de l'Espagne, voire du Portugal. Elle le sait, et François Hollande le sait aussi.

Je pense également que Merkel et Hollande sont tout à fait conscients des risques politiques encourus par certains pays si d'aventure la crise s'approfondissait. Les risques d'explosion ou d'implosion sociales sont réels avec la montée ça et là de mouvements anti-libéraux et anti-capitalistes d'un côté, nationalistes et xénophobes de l'autre. En bons gestionnaires de la chose capitaliste, Merkel et Hollande savent donc qu'ils ont tout intérêt à ne pas laisser « la rue » leur dicter leur conduite.

Note : je pêche sans doute par optimisme. Mais pour plus de détails, je vous renvoie à cet article.