Répression des manifestations
Par Patsy le mardi, mai 24 2016, 21:19 - Question sociale - Lien permanent
Nouvelle donne, vieilles rengaines n°16 (mai 2016)
Pauvre Hollande, pauvre Valls, pauvre Cazeneuve, et par conséquence, pauvres de nous. Les jours passent et ils creusent, creusent, creusent. A la vitesse où ils vont, ils sont capables de toucher le fond avant l'été. Droits dans leurs bottes, ils nous promettent l'ordre, la sécurité et le progrès social avec CRS, CFDT et 49,3. Comme Hollande l'a déclaré récemment : « Trop de gouvernement ont cédé, d'où l'état du pays que j'ai trouvé en 2012, pour que moi-même, dans des circonstances pas faciles, je cède dès lors qu'un compromis a été trouvé. »
Il aurait été intéressant de savoir à quoi précisément notre bien aimé faisait allusion. A quelles occasions les précédents gouvernements ont-ils cédé sous la pression ? Et quand ils l'ont fait, en quoi cela a-t-il été dommageable pour les travailleurs ? Parce que, si ma mémoire ne me joue pas des tours, les trois grands mouvements sociaux antérieurs à 2012 furent la réforme des retraites initiées par François Fillon en 2003, le projet de Contrat Première Embauche en 2006 et la seconde réforme des retraites de 2010. En 2003, le gouvernement n'a pas reculé, de même qu'en 2010 ; il n'a reculé sous la pression de la rue qu'en 2006. A moins de penser que notre Flamby national ne veuille remonter aux calendes grecques, force est de constater qu'il semble sous-entendre que le gouvernement Chirac/De Villepin a eu tort de céder à la jeunesse à l'époque… alors que le Parti socialiste de l'époque avait demandé son retrait immédiat et inconditionnel. Comprenne qui pourra...
La semaine passée, notre trio pathétique de socialistes modernes a décidé de taper fort en interdisant à quelques dizaines de militants de se joindre aux manifestations anti Loi Travail au motif que… c'est bien là que le bât blesse. On a beau lire et relire l'arrêté d'interdiction de séjour transmis à ces personnes, on ne sait pas trop ce que l’État reproche à la plupart d'entre eux, sinon d'avoir été présents et d'avoir été repérés à l'occasion de manifs ayant dégénéré ; ce qui, avouez-le, est le cas de milliers de personnes à travers la France, des jeunes et moins jeunes.
Le préfet de police de Paris, Michel Cadot, qui n'en est pas un, a ainsi écrit que ces personnes « ont été remarqués, à de nombreuses reprises, lors de manifestations contre, notamment, les violences policières et le projet de réforme du code du travail », que ces manifestations ont parfois dégénéré et qu'il « y a, dès lors, tout lieu de penser que la présence de M. X. aux rassemblements organisés contre le projet de loi visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs vise à participer à des actions violentes. » Vous aurez noté en passant que notre préfet, spécialiste sans doute du droit du travail ou peut-être syndiqué à la CFDT, rappelle ce que l'immense majorité des Français n'a visiblement pas encore compris : la loi El Khomri va apporter de nouvelles libertés et de nouvelles protections à ces imbéciles de salariés et à ces jeunes boutonneux qui ne voient en elles qu'une régression sociale ! Passons… Le plus important à noter est bien que les personnes visées par ces interdictions ne sont coupables de rien mais qu'elles pourraient finir par l'être, puisque, CQFD, leur présence à ces moments-là « vise à participer à des actions violentes » ; du moins il y a « tout lieu de le penser », nous dit le préfet ! Cette bienveillance paternaliste a de quoi laisser pantois plus d'un juriste, non ? Pas étonnant donc que la justice ait remis tout cela en ordre, jugeant nul les interdictions de manifester frappant neuf des dix militants parisiens. En réponse, le Préfet a promis de mieux rédiger à l'avenir ses arrêtés. Holland, Valls et Cazeneuve ont trouvé un nouvel ami pour creuser, creuser, creuser encore…
Sur ce, je vous abandonne avec cette pensée savoureuse de Pierre Dac qui, à n'en pas douter, mériterait pour cela de finir dans les fichiers de la maréchaussée : « Une société sans police, c'est un soldat sans adjudant, un zoo sans grillage, une guillotine sans lame. La police, c'est le gas-oil qui fait rouler la voiture de course, le ressort qui fait tourner la montre à quartz, la vaseline qui... Bref, c'est primordial. »