Il est évidemment fort désagréable de souiller son escarpin et sa basket avec de l'excrément de Pékinois, abandonné là au beau milieu d'un trottoir. Quand je parle de Pékinois, je parle évidemment du chien et non du ressortissant de la capitale chinoise. Vous me direz que cette précision était inutile puisqu'il y a peu de chances qu'un ressortissant de l'Empire du milieu ne dépose sa crotte à la vue de toutes et tous, sur un trottoir français. Mais voilà, dès qu'il s'agit de Béziers, la ville de l'ineffable Robert Ménard, il vaut mieux être précis, l'ancien journaliste, défenseur de la veuve et de l'orphelin du temps de Reporters sans frontière, étant un obsessionnel du fichage ethnique. Est-il dans les habitudes chinoises de faire ses besoins dans la rue ? Allez savoir… et c'est peut-être en cela que réside l'intérêt des statistiques.
La dernière obsession de Robert Ménard ne concerne pas les nègres, arabes, voleurs de poules et autres pas-blancs peuplant nos villes et nos campagnes mais les cacas de canidés ; des chiens qui font là où ils veulent, au mépris des convenances. Je ne sais combien de personnes âgées glissent sur les étrons et se cassent le col du fémur, mais j'imagine qu'il doit y avoir un lien statistique entre cette constatation et le fait qu'à partir d'octobre prochain, tous les propriétaires de chiens du centre-ville seront tenus sous peine d'amende de faire ficher leurs chiens ; s'ils refusent, la douloureuse se montera à 38 €. Grâce à un « kit caca » offert par la mairie, les vétérinaires pourront ainsi prélever de quoi déterminer l'ADN des toutous du centre-ville. Dans la foulée, une brigade spéciale sera chargée du ramassage des crottes et de la recherche du délinquant à poil normalement présent dans le fichier des clébards ADN-isés. Il en coûtera 450 € au propriétaire du chien, fiché ou non, reconnu coupable d'avoir fait son caca là où il ne le fallait pas.
L'avenir dira si cette initiative forte aura pour conséquences une recrudescence des abandons de chiens dans le centre-ville de Béziers, une montée en flèche de la délation, voire même de terribles règlements de compte entre voisins. Imaginez qu'un bon citoyen ramasse les crottes de son chien, les jette dans une poubelle municipale, et qu'un de ses ennemis ou un plaisantin douteux ne les en retirent pour, nuitamment, la déposer au milieu d'un trottoir afin qu'elles soient ramassées, analysées par la « Brigade environnement » ; tout cela dans le but d'incriminer un bon et honnête citoyen qui ne pourra alors que plaider sa bonne foi, qu'exhiber les sacs à caca qu'il achète par paquet de cent pour ramasser l'étron canin ! Imaginez même qu'un groupe séditieux se décide à ramasser des crottes fraîches hors de la zone concernée pour venir les déposer en masse au coeur de la ville ? La brigade environnement risquerait ainsi de se retrouver submergée de cacas inconnus émanant de chiens non répertoriés pour ne pas dire clandestins. Non, je n'ose imaginer...