Marc Perelman, 2024. Les Jeux olympiques n’ont pas eu lieu, Editions du Détour, 2024.

Oyez bonnes gens, relayez ce vœu de Marc Perelman : 2024. Les Jeux olympiques n’ont pas eu lieu ! C’est un vœu et le titre de son réquisitoire publié par les Editions du Détour.
Architecte de formation, Marc Perelman est, avec Jean-Marie Brohm et d’autres, un pourfendeur du sport de compétition, de sa place dans le capitalisme contemporain et de l’idéologie qu’il véhicule.

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Il déteste le football et sans doute autant les Jeux Olympiques. Mais si le football est souvent critiqué, y compris par les supporters, pour ses dérives (salaires mirobolants, violences…), ce n’est pas le cas des Jeux qui représentent pour beaucoup, et d’abord, un rendez-vous sportif de premier plan placé sous le signe de la fraternité humaine. Le business, les mauvais passions, le dopage, tout cela passe au second plan...
En moins de deux cents pages, l’auteur se propose « d’analyser le coeur du projet olympique et de ses valeurs, ainsi que les conséquences sociopolitiques sur nos territoires et dans nos vies, de l’idéologie qu’il défend puissamment ». Car les JO, ça coûte cher, et le Comité international olympique (CIO) n’est pas du genre partageux. Comme la FIFA pour le football, le CIO est un Etat dans l’État. Il impose ses règles, fait primer le droit suisse sur le droit national, et n’oublie jamais de se remplir les poches. Pourquoi se gênerait-il puisque pas grand monde n’ose par son action compromettre la bonne tenue des jeux, pas plus les syndicats que les partis de gauche, alors que le conditions de travail sur les chantiers de construction des équipements sportifs, la bétonisation de la Seine-Saint-Denis, le recours massif au bénévolat, la gentrification de certains quartiers ou la déportation des indésirables interrogent légitimement. Au nom de l’idéologie sportive, l’heure est à l’Union sacrée. Même la cathédrale de Notre-Dame-de-Paris a été réquisitionnée pour faire resplendir de mille feux Paris 2024 !
L’unanimité ne pose pas question. D’abord, on la postule, et c’est parce que les Parisiens veulent les Jeux qu’il est inutile de leur demander leur avis ! Ensuite, qui oserait s’opposer à une fête alliant sport, écologie, santé, culture, cohésion sociale et amour de son prochain ? Qui oserait voir une contradiction entre la maxime coubertienne « L’important c’est de participer » et les objectifs chiffrés de médailles du ministère des Sports ?
Les Jeux Olympiques portent mal leur nom, car le sport de compétition n’est pas un jeu. Il valorise le culte de l’effort, du dépassement de soi, de la compétition et non de l’entraide, et transforme les athlètes en machines masochistes, médicalisées et performantes. En cela, il est « l’un des principaux rouages du mode de production capitaliste dont il reproduit la chaîne à travers la concaténation suivante : compétition, rendement, mesure, record ». C’est le sport de compétition qu’il faut critiquer, non ses excès, car ces derniers sont sa vérité.

En guise de conclusion, je vous offre une citation de l’ineffable Pierre de Coubertin, chantre raciste et sexiste de l’olympisme dont Marc Perelman nous offre un florilège en fin d’ouvrage. Cet éloge du sport en situation coloniale me semble particulièrement éclairant : « Les sports sont un instrument de disciplinisation. Ils engendrent toutes sortes de bonnes qualité d’hygiène, de propreté, d’ordre, de self-control. Ne vaut-il pas mieux que les indigènes soient en possession de pareilles qualités et ne seront-ils pas ainsi plus maniables qu’autrement ? Mais surtout ils s’amuseront. »