Ce livre est sorti en 1978, sans doute juste avant les élections législatives du mois de mars où, pour la première fois sous la Cinquième République, la gauche semble en mesure de devenir majoritaire dans le pays. C'est donc en gardant en tête ce contexte particulier qu'il faut lire ce livre.

Claude-Marie Vadrot rappelle que l'écologie a pour géniteur la protection de la nature. Une protection de la nature qui, pour l'essentiel, se veut à la fois scientifique et apolitique. Les acteurs de ces mouvements ne mettent en cause ni le capitalisme, ni la République des copains et des coquins. Ils voient même d'un mauvais œil la nouvelle vague post-68 qui s'empare de la question écologique et la colore de rouge et de noir ; sans oublier la candidature du célèbre René Dumont, agonome de réputation internationale, à l'élection présidentielle de 1974.



Dans une seconde partie, l'auteur offre une compilation de textes produits par les différentes tendances de l'écologie politique. On y trouve les écolos libertaires, situationnistes, porteurs d'une critique radicale du mode de production capitaliste et de la marchandisation de tous les aspects de la vie quotidienne, qui n'hésitent pas à prôner des formes de sabotage pour se défendre de cette logique mortifère. Il y a les écolos oecuméniques qui entendent rassembler toutes les bonnes volontés pour « préserver l'avenir de l'humanité ». Et entre les deux, des voix s'élèvent contre le sectarisme de certains, leur « intolérance hargneuse », leur « agressivité permanente (…) au nom d'une prétendue pureté idéologique. » Il y a ceux qui se refusent le cirque électoral et ceux qui veulent s'y investir pleinement, sans oublier ceux qui, tout en s'en méfiant, considèrent cependant que le combat électoral doit être mené pour populariser les thèses écologistes. Et déjà, Claude-Marie Vadrot pointe le risque que court le mouvement écologiste : celui de la notabilisation, ce qu'il appelle « l'écolocentrisme de bon aloi ».

Pour Claude-Marie Vadrot, l'écologie politique est nécessairement critique à l'égard du système capitaliste et son allié naturel, c'est la gauche, dont il ne nie pas évidemment la matrice productiviste. Il faut la convaincre, cette gauche, et la contraindre à s'approprier les thèses écologistes, antinucléaires, autogestionnaires. Il faut par une guérilla permanente, nous dit-il, éveiller les masses, et notamment les classes populaires. Il faut saisir au collet ce monde aliénant et destructeur des écosystèmes. « L'avenir du mouvement écologiste, écrit-il, est probablement plus dans cette guérilla aux formes multiples que dans l'intégration à la mécanique électorale. » Qu'en est-il aujourd'hui ? Je vous laisse juge...