Certainement conscient qu’il lui fallait se bâtir une image d’homme fort, à caractère, capable d’affronter l’ancien maire de Neuilly sur le terrain de l’image, François Hollande nous a pondu un grand discours avec flonflons et salves d’applaudissements régulières le 22 janvier dernier. Et évidemment, pour prendre son envol, il a choisi Le Bourget, ville célèbre pour son salon aérien dédié à l’Aéronautique, celle qui transporte des passagers ou des bombes d’un lieu à un autre. L’avenir nous dira si le bon François ne fut en fait qu’un mirage…

J’avoue humblement ne pas avoir encore pris le temps de décortiquer son plaidoyer pour une France plus juste, plus démocratique et républicaine jusqu’à l’os. Je me contenterai donc de vous glisser quelques mots sur un court passage de son intervention, celle qui traite de la finance.
Que nous a-t-il dit ce 22 janvier ? Il nous a dit ceci : « Je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance (…) la finance a pris le contrôle de l’économie (…) Cette emprise est devenue un Empire. »

J’imagine qu’à l’écoute de ces mots, grands banquiers, traders, investisseurs et autres encravatés spéculateurs ont du frémir et commencé à se palper tout partout. Mettez-vous à leur place : ils viennent de découvrir qu’alors qu’ils font la pluie et le beau temps depuis des décennies, ils n’ont pas plus de nom que de visage, qu’ils n’existent pas. Imaginez leur tête !
Et s’ils n’existent pas, s’ils n’ont ni nom, ni visage, qui paient alors leurs hommes de main qui squattent les plateaux télévisés pour y répandre la bonne parole néolibérale, celle qui nous dit que le marché est auto-régulateur et qu’une crise similaire à celle de 1929 est impossible aujourd’hui ?
Et s’ils n’ont pas de parti, comment se fait-il que leur pensée soit devenue hégémonique que ce soit au Fonds monétaire international, à la commission européenne ou dans nombre d’Etats nationaux ?

Alors, cher François, permets-moi de te donner un conseil. Puisqu’il est difficile de se battre contre un adversaire qui n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, et qu’un David audacieux comme tu l’es mérite son Goliath, relis ce passage issu du Manifeste de Marx et Engels : « La bourgeoisie, depuis l'établissement de la grande industrie et du marché mondial, s'est finalement emparée de la souveraineté politique exclusive dans l'Etat représentatif moderne. Le gouvernement moderne n'est qu'un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière. » Maintenant, François, tu sais quel est ton adversaire. Tu peux donc commencer le combat en te faisant hara-kiri…