Mon combat pour les ouvriers chinois
Par Patsy le lundi, février 24 2014, 20:47 - Notes de lecture - Lien permanent
Han Dongfang
Mon combat pour les ouvriers chinois
Michel Lafon, 2014
Curieux personnage que ce Han Dongfang, fils de paysans de la Chine intérieure (Shanxi), élève fort moyen, chassé de l'armée pour avoir pris au sérieux l'égalitarisme maoïste, devenu cheminot puis l'une des figures de la révolte de la place Tiananmen en juin 1989 quand il mît sur pied l'éphémère Fédération autonome des travailleurs de Pékin. Rien ne le prédisposait à incarner l'une des facettes de la dissidence chinoise (la prolétarienne !), sinon un caractère bien trempé et une volonté farouche de se faire entendre et respecter. Cela lui faudra deux ans de détention, un exil forcé aux Etats-Unis puis à Hong-Kong et surtout l'interdiction formelle de remettre les pieds dans son pays natal.
Han Dongfang est un ouvrier et un pragmatique. Son combat : défendre les intérêts très concrets de la classe ouvrière grâce à son organisation, le China labour bulletin, mais aussi à l'émission de radio qu'il anime sur Radio Free Asia. Son constat : l'adversaire est bien trop puissant pour être attaqué frontalement. Sa tactique : éroder la toute-puissance de l'Etat-parti en jouant sur ses contradictions internes (le désir de paix sociale des gouvernements locaux) et en évitant les sujets qui fâchent, comme la question tibétaine (il juge que le prolétariat chinois est nationaliste et n'accepte pas l'idée séparatiste), celles des minorités ou encore la « démocratie ». Non point qu'il ne soit pas sensible à ces questions-là, mais Han Dongfang considère qu'il est dans son intérêt et dans celui de ceux qui le soutiennent dans son combat de ne pas s'exposer à la répression. Car au fil des années, Han Dongfang est parvenu à former des réseaux de militants en Chine même ; des militants actifs, présents sur le terrain, proches des travailleurs et tolérés par le pouvoir du moment qu'ils ne franchissent pas la ligne rouge : « En abandonnant les références à la démocratie, au multipartisme et au syndicalisme, nous pouvons entrer dans une phase militante, celle d'une organisation concrète, active sur le terrain et proche de la société civile. » Et son « organisation concrète » s'efforce par exemple d'obtenir de meilleures indemnités pour les victimes d'accidents du travail ou atteints par des maladies professionnelles, d'améliorer les conditions de travail souvent déplorables, et de former les travailleurs chinois dans le domaine du droit du travail.
Ce choix n'est évidemment pas du goût de tout le monde. Pour certains, Han Dongfang est trop « modéré », « légaliste ». A cela, Han Dongfang le non-violent répond que sans ce type de concessions au pouvoir en place, son activité politique serait coupée des masses. Mais il explique également son modérantisme par souci de coller au plus près des sentiments de la classe ouvrière chinoise : une classe ouvrière chinoise qui ne désire pas renverser le régime mais tout simplement améliorer ses conditions de vie et de travail. Autre explication qui transparaît dans le livre : Han Dongfang se méfie (avec raison !) de ces « démocrates » pour qui démocratie signifie économie de marché, privatisations... et donc précarisation de la vie ouvrière. De cela, Han Dongfang ne veut pas : il plaide pour un nouveau contrat social entre l'Etat-Parti, les directions d'entreprise et les travailleurs. Et il pose le China Labour bulletin en partenaire responsable, capable d'éviter la catastrophe : « Si le dialogue ne prend pas, écrit-il, on peut replonger dans une violente hystérie comme celle de la Révolution culturelle. » Une révolution culturelle qui fit des millions de morts et traumatisa des générations de Chinois, dont celle de Han Dongfang...
Commentaires
Merci d'avoir autorisé à poster mon commentaire d'il y a une semaine!!!!! C'est super la censure de la part d'un libertaire
Ne t'énerve pas ! Mon blog est spammé par des dizaines de messages, la plupart du temps en anglais. "J'épure" chaque soir en faisant attention à ne pas écarter un "bon" message. A priori, j'ai du merdé (j'espère que tu es la seule victime ! Mais ne sombre pas dans la paranoïa pour autant !). Si tu as gardé trace du message en question, rebalance-le moi et je le publierai, sans souci !
Et entre nous, je ne suis pas de ces libertaires qui considèrent que le moindre écrit mérite d'être publiée, surtout sur un blog où bien souvent le français (pas l'orthographe, la forme des phrases) est aléatoire.