Le premier texte, Au-delà de Barack Obama, est une conférence donnée à Montréal. Soulignant qu'aux Etats-Unis « on grandit avec l'idée voulant que tout le monde partage les mêmes intérêts, qu'il s'agisse de la population ou du gouvernement », Howard Zinn fustige le patriotisme de ses contemporains, ce sentiment ancré en eux que les Etats-Unis ne sont pas une hyper-puissance impérialiste dominée par une oligarchie politico-économique mais une nation singulière chargée d'apporter au Monde la liberté et la démocratie ; même si cela passe par la guerre, la « guerre juste », et la limitation des libertés publiques au nom de l'Union sacrée. Barack Obama est-il en capacité de remédier à cela ? Howard Zinn ne le croit pas, car il ne croit pas aux hommes providentiels mais à la capacité des gens, collectivement, à contraindre les dominants à changer de politique : « Nous avons besoin, écrit-il d'un nouveau mouvement social du genre de ceux des années 1930 et des années 1960, seuls moments de l'histoire où le gouvernement a réagi en adoptant des lois pour changer le cours des choses ; un nouveau grand mouvement social qui ferait savoir au gouvernement que nous en souhaitons plus faire la guerre, que nous ne défendons pas un régime enrichissant les plus riches tout en n'offrant à trop de gens que désespoir et dénuement. »

Dans La loi et la justice, texte vieux de 20 ans, Howard Zinn s'efforce de justifier juridiquement et moralement la désobéissance civile qui n'est pas une « rupture avec la démocratie ; bien au contraire, elle lui est absolument essentielle ». Face à la loi devant laquelle il nous faudrait nous courber, il en appelle à l'Ethique et au sentiment de justice. Zinn, qui s'est battu contre la guerre au Vietnam et pour les droits civiques, ne craint pas le désordre que cela pourrait créer : « Plutôt que de se préoccuper d'une illusoire tendance à l'insurrection, on devrait s'inquiéter de cette propension qu'ont les citoyens à se soumettre à l'écrasant climat d'injustice dans lequel ils baignent. L'histoire montre que les pires atrocités (guerres, génocides, esclavage) ne résultent pas de la désobéissance, mais plutôt de l'obéissance. »

Optimiste impétinent, Howard Zinn se refusent à rendre les armes. Du refus d'abandonner, le dernier texte de cette brochure, est un appel à l'activisme. Car des montagnes peuvent être renversées ! Et Zinn de rappeler le courage de celles et ceux qui, au péril de leur sécurité, s'en prirent à la ségrégation raciale en Caroline du Nord ; et Zinn de souligner que la jeunesse américaine, notamment celle des campus, n'est pas aussi dépolitisée qu'on le prétend. A ceux qui lui rappelleraient que « certains pionniers des mouvement sociaux de l'époque se sont laissé dévorer par le tigre affamé de la survie et du succès », Zinn l'humaniste répond que nombreux sont celles et ceux qui « tiennent les carnivores à distance » et continuent à se battre pour la Justice et le Progrès social. Comme lui.

A noter : les éditions Agone rééditeront en poche au printemps 2010 « Nous, le peuple des Etats-Unis » sous le titre « Désobéissance civile et démocratie ».

Cette note a été publiée dans le n° d'avril 2010 de la revue L'Emancipation syndicale et pédagogique.