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Henri Cachia a découvert La Borde à la fin des années 1990, intrigué et attiré par La moindre des choses, un documentaire de Nicolas Philibert. Il y a découvert que des fous (des jugés comme tels) s'adonnaient au théâtre, sa passion. Alors il a débarqué un beau jour dans ce coin du Loire-et-Cher pour participer à une aventure humaine : le traditionnel et incontournable spectacle théâtral du 15 août.

Curieux livre, disais-je. Henri Cachia ne délivre pas une analyse critique de la psychothérapie institutionnelle telle qu'elle est pratiquée à La Borde ; Il ne nous offre pas véritablement le récit construit de sa présence en ce lieu, mais un ensemble de très courts textes, une sorte de puzzle nous permettant de mieux comprendre comment fonctionne La Borde. La Borde et son journal, espace de libre expression. La Borde et sa caisse de solidarité, ses corvées de pluche et de ménage, ses séminaires, ses ateliers, son club thérapeutique, ses moments collectifs et ses instants de silence et de solitude, indispensables pour se ressourcer et faire le point sur soi, sa vie, ses désirs. La Borde, espace de liberté, espace sans murs d'enceinte qui ne connaît que deux interdits : les relations sexuelles et la violence physique. La Borde et son humanité, où la vie collective s'invente jour après jour, où empathie et sympathie se tiennent la main, où les frontières sont abolies car, au fond, qui est malade et qui ne l'est pas ? La Borde et son rituel du 15 août où, après des mois de discussions, de répétitions, de joies et de découragements, le psychotique se joue de la maladie et se fait acteur le temps d'un spectacle. « Ecrire, ça sauve » a écrit un malade dans le journal de l'institution. Jouer sauve tout autant…

Curieux livre, disais-je en introduction, livré sans conclusion hormis ces deux phrases : « Que le théâtre vive encore et toujours à La Borde ! Il devrait être pratiqué partout où il y a déficit de liens. »