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Ce livre comprend trois parties. La première est un long article inédit intitulé Le drame de la non-intervention. La seconde est son témoignage de militant sur le front. La dernière rassemble des textes réunis sous l'intitulé suivant : Le rôle des socialistes dans la guerre d'Espagne.
Des espoirs de 1936 au drame de 1939, Nenni n'a eu de cesse de se battre pour que les démocraties occidentales renoncent à leur politique de non-intervention et viennent en aide à la jeune démocratie espagnole.
La position de Nenni est claire. Il faut défendre le gouvernement de Front populaire parce que celui-ci tire sa légitimité des urnes : il est donc légitime et légal. Il faut lui donner les moyens militaires de se battre contre les factieux soutenus massivement par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste : la neutralité, la non-intervention est à ce titre encore moins compréhensible.

Pour Nenni, ce qui se joue en Espagne est l'avenir de la démocratie européenne. C'est pourquoi il met l'accent sur la nécessité de gagner la guerre avant tout, de rassembler largement autour du gouvernement légal les classes moyennes et petites-bourgeoises. C'est pourquoi ils attaquent avec virulence les anarchistes espagnols qui refusent la militarisation des milices ouvrières, qui parlent de révolution au lieu de sa cantonner à l'antifascisme démocratique, que font même le jeu des fascistes en mai 1937 en déstabilisant le gouvernement. Il ne dit rien ou presque des entreprises collectivisées, des expériences autogestionnaires dans les campagnes aragonaises. Pour lui, l'Espagne est « un pays où l'esprit anarchisant est la forme prolétarienne de l'individualisme petit-bourgeois. » Nenni n'aime les anarchistes que lorsqu'il se font ministres et se taisent. Ils célèbrent leur héroïsme et fustigent leur romantisme. Il est très proche des positions des communistes espagnols : oui à la république bourgeoise, non au socialisme. Pour lui n'existe que le front

Sous sa plume, vous ne trouverez nulle critique du gouvernement, notamment de celui de Juan Negrin qui fut pour beaucoup l'homme de paille des Soviétiques. Nulle critique du soutien soviétique. Pour lui, ce qu'il manque à l'Espagne, c'est un Etat fort qui sache se faire respecter, y compris par la manière forte.
Il se désole de l'immaturité du peuple espagnol, de son indiscipline. Il se désole de la position de Blum, accroché aux basques de Chamberlain, partisan d'une « politique de capitulation (qui) n'a abouti qu'à une trahison éclatante de la démocratie et de la paix ». Il se désole de l'inefficacité totale de la Société des nations. Il se désole parce qu'il pressent qu'une défaite en Espagne des forces démocratiques ne pourra que précipiter un deuxième désastre mondial.
Il se désole mais refuse de capituler. Alors que les fascistes se sont rendus maîtres de la Catalogne, qu'une foule immense se presse à la frontière française, Pietro Nenni écrit : « Tant qu'il reste de la volonté, il reste encore plus que la simple espérance : l'espoir de la revanche. » Mais de revanche, il n'y en eut pas.