Les Verts sont les radicaux des temps contemporains. On peut compter sur eux pour donner la patte et se faire caresser l'encolure après s'être fait rosser. Tragique destin que celui de ce parti qui prétendait renouveler le jeu politique et qui n'a fait qu'en reproduire les aspects les plus grotesques avec ses chamailleries entre pseudo-tendances qui ne sont souvent que de vraies coteries, autour d'un leader charismatique ou qui pense l'être. Quand je dis Verts, je songe évidemment à tous ceux qui font de l'écologie un strapontin pour faire carrière. Il y a dans toutes les formations politiques, y compris les plus radicales, des militants honnêtes et désintéressés, et d'autres qui ont leur nombril pour seul compagnon, et son agrandissement pour seul horizon.
Et, curieusement, plus on monte dans la hiérarchie, plus on observe le même type de comportement. En Grande-Bretagne, le nouveau chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, un socialiste à l'ancienne, a pour principal adversaire l'appareil du parti, tous ceux qui ont fait carrière grâce à lui et qui craignent pour leur poste un virage à gauche de l'organisation. Chez les Verts, c'est pareil. Rompre avec le Parti socialiste, c'est perdre des postes et des possibilités de faire carrière ; alors la tentation est forte de s'asseoir sur ses idées et il en est de même pour ce qui reste du Parti communiste.

Evidemment, l'opportunisme en politique ne se présente jamais comme tel. Emmanuelle Cosse a ainsi choisi d'entrer dans un gouvernement libéral pour y défendre des valeurs de gauche : « Ce choix repose sur une opportunité à se saisir de leviers d’action qui, face aux urgences sociales et environnementales, me paraît prévaloir sur la somme des désaccords. Alors que la France est en grande difficulté, je pense qu'elle a plus que jamais besoin d'écologie, notamment dans les institutions et au gouvernement. Face à la montée du FN, blablabla... » C'est donc au nom de l'urgence sociale et environnementale qu'Emmanuelle Cosse se rallie à un gouvernement qui n'a de cesse d'être dur avec les gueux et friendly avec le business, un gouvernement nucléocrate,qui rêve toujours de doter l'Ouest d'un aéroport éco-responsable avec parkings onéreux et super duty free. Et c'est évidemment au nom de l'antifascisme qu'elle se rallie à celles et ceux qui en ont fait le lit avec leur politiques économiques et sociales d'essence libérale. Comprend qui pourra.
Elle n'embarquera pas seule sur la barque hollando-Vallso-macronienne puisqu'elle y retrouvera Barbara Pompili et surtout l'inénarrable Jean-Vincent Placé. Il faut que François Hollande soit tombé bien bas ou alors qu'il ait retrouvé son légendaire sens de l'humour pour confier un poste à ce sénateur Verts, incarnation parfaite de l'opportunisme en politique… et qui, je l'ai découvert en préparant cette émission, a débuté sa carrière chez les radicaux de gauche ! Comme quoi, les traditions...