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De cet auteur, j'avais lu il y a quelques années son étude universitaire sur La dictature du prolétariat et le dépérissement de l’État de Marx à Lénine, sortie chez Anthropos au milieu des années 1970. Alors quand je suis tombé sur ce livre sur la révolution iranienne de 1979, je n'ai pas hésité une seconde. Et j'ai eu raison car cet ouvrage qui s'intéresse aux premières années de ladite Révolution iranienne est riche d'enseignements.

Kazem Radjavi n'est autre que le frère de Massoud Radjavi, leader des Moudjahédines du peuple, une formation politique qui se réclamait d'un Islam révolutionnaire, démocratique, progressiste et socialisant. Des Moudjahédines qui furent au premier rang pour chasser du pouvoir le Chah d'Iran et sa sanguinaire police politique.
L'ouvrage s'ouvre sur un long chapitre passionnant sur la situation sociale, notamment celle de la paysannerie malmenée par le pouvoir, mais aussi sur le rôle éminemment important du pétrole, cette manne qui est à la base de l'économie rentière nationale. Ensuite, l'auteur nous délivre deux chapitres un peu complexes sur l'Islam revendiqué par les Moudjahédines ; un Islam chiite qui est aux antipodes de celui développé par l'ayatollah Khomeiny. Les chapitres suivants nous plongent dans la Révolution iranienne et son histoire sanglante. Histoire d'une captation, celle du pouvoir par l'aile réactionnaire du mouvement opposé à la monarchie, autrement dit par l'ayatollah Khomeiny. Habile et charismatique, Khomeiny est parvenu à se rendre indispensable et n'a pas tardé à faire régner la terreur pour s'assurer le leadership. Radjavi s'en prend notamment au parti Toudeh, le parti communiste, allié opportuniste de l'ancien banni de Noeufle-le-Château, jusqu'au moment où ses militants vont finir dans les geôles. Comme l'écrit en conclusion Kazem Radjavi : « Tortures, viols, corruption, prostitution, guerre, errance, chômage, bombardements du peuple au Kurdistan, inquisitions, exécutions collectives et sommaires, et même séparation des hommes d'avec les femmes dans les autobus, politique de discorde et de division, bref, la répression généralisée qui s'abat en ce moment sur le pays a un seul objectif : la sauvegarde du pouvoir à tout prix. »

Cette sauvegarde a eu un coût : des dizaines de milliers de morts, des centaines de milliers de prisonniers, puis une guerre effroyablement meurtrière contre l'Irak, et le développement d'un culte de la personnalité qui se poursuit encore aujourd'hui.

Texte lu dans le cadre de la première émission de Nouvelle donne, vieilles rengaines. A écouter ici !