Non, le parti socialiste a trouvé la solution, la seule qui puisse réellement nous sortir de l'ornière : mettre la pression sur le chômeur fainéant qui se la coule douce au frais de la princesse alors qu'il y a plein d'emplois qui ne demandent qu'à être saisis par des mains vigoureuses et des âmes volontaires. Certes l'idée est ancienne et depuis des années, les partisans du droit à la paresse n'en finissent plus de geindre contre la suspicion qui entoure les chômeurs. Qu'ils se rassurent, le nouveau dispositif saura faire le tri entre le chômeur honnête et laborieux et le glandeur subventionné, même si tous les chômeurs sont susceptibles d'être contrôlés.
Selon l’AFP, Pôle emploi «propose» d’affecter «200» postes équivalent temps plein (ETP) à ses futures équipes de contrôle, répartis par région selon le nombre de demandeurs d’emploi: de 2 ETP dans le Limousin, en Corse ou en Guadeloupe, à 33 ETP en Ile-de-France.

Si, à l'issue de l'examen du dossier du demandeur d’emploi», l'équipe de contrôle soupçonne une «insuffisance de recherche d’emploi», alors elle adressera au délinquant potentiel un «questionnaire», elle s'entretiendra avec lui par «téléphone», voire même lui imposera un rendez-vous en face-à-face, les yeux dans les yeux, «si le doute persiste». Si le délinquant potentiel ne change pas d'attitude après que son conseiller référent ait tenté de le faire entrer, je cite, dans un « processus de redynamisation », alors une « procédure de radiation » sera engagée. Les demandeurs d’emploi sont tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sous peine d’être radié 15 jours des listes de Pôle emploi, voire même jusqu’à six mois en cas de récidive. Cependant, parce que nous sommes en démocratie et que l'esprit de Charlie irrigue nos coeurs et nos âmes, le chômeur radié peut introduire un «recours» auprès du directeur d’agence, puis devant le tribunal administratif et/ou le médiateur de Pôle emploi.

Certains trouvent le dispositif trop dur. Discutons-en. Prenons le cas d'un chômeur qui a longtemps cherché sans trouver grand-chose, qui a fait deux stages ou deux formations qui ne l'ont guère sorti de l'ornière ; un chômeur qui déprime, qui n'a plus le coeur à chercher un travail illusoire. Comment l'aider ? En le maternant ? Non, par respect pour lui, on se doit de lui dire : « Lève-toi et marche, chômeur ! Yes you can ! Renonce à l'assistanat qui t'avilit ! » En le radiant, on le remet dans le droit chemin, on fait son bien. Au lieu de lui offrir un poisson, on lui apprend à pêcher et il ne lui reste plus qu'à trouver le plan d'eau…

Le projet prévoit aussi des mesures de sécurité particulières pour les agents de contrôle, qui seront «sensibilisés» à la «prévention des situations d’agression». Pôle emploi «préconise» qu’ils «ne gèrent pas les demandeurs d’emploi de la commune où ils vivent, ni de la zone de compétence de l’agence d’où ils viennent s’ils étaient conseillers en agence». Précaution ô combien utile, car souvenons-nous de la grève des viticulteurs du Languedoc de 1907. Cette année-là, les conscrits levèrent la crosse, refusant de tirer sur leurs frères ou leurs parents, ce qui poussa le gouvernement à envoyer les conscrits faire leur service loin de leur région d'origine.

Faire baisser artificiellement les chiffres du chômage n'est pas le but recherché par le gouvernement. Cessons de voir des complots partout. Ce ne sont pas 200 contrôleurs qui seront en capacité de gérer les dizaines voire centaines de milliers de chômeurs oisifs qui abusent de la généraosité nationale. Non, l'impact de cette mesure salutaire est avant tout psychologique. Manuel Valls et Emmanuel Macron savent que le vulgus pecum, les gens de peu, vous et moi en somme, nous avons une psychologie des plus simples. Sans coup de pied au derrière, nous n'avançons pas ! Or la France, moderne et libérale, européenne jusqu'à l'os, doit avancer, car elle a trop tardé. Et comme le dit la chanson : « C'est reculer que d'être stationnaire, on le devient par trop philosopher ! »

A toi chômeur, je dis : « Souviens-toi, le travail rend libre ! » Alors, nom de Dieu, n'attends pas qu'il te tombe tout cuit dans les mains ! Front haut et manches retroussées, va le chercher ! Et si tu ne le trouves pas, deviens auto-entrepreneur !
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