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Ainsi commence le dernier livre de Jean-Charles Cozic. L'ancienne plume de Presse-O' sait nous mettre dans le bain de suite, avec son style gourmand et son vocabulaire délicieusement suranné. Après s'être intéressé aux typographes nantais et aux relations houleuses qu'ils entretenaient avec leurs patrons1, autrement dit leurs singes, le voici qui s'est entiché d'un vrai primate, un de ces anthropoïdes dont le peuple de France vient d'apprendre l'existence.

Le monstre velu en question est un simia satyrus, autrement dit un « jocko », un orang-outan de 9 mois, qu'Andronic Van Iseghem, capitaine au long-cours et fils de, vient de ramener d'un de ses périples commerciaux. D'ordinaire son navire ramène de Sumatra ce poivre qui se négocie fort cher en Occident. Là, en cette année 1836, il transporte également un orphelin attachant que l'équipage a prénommé Jacques. Pour 3500 F, une forte somme pour l'époque, le «  petit énergumène » n'a pas tardé à prendre la route de Paris et du Jardin des plantes où le naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire est prêt à revoir ses anciennes théories : non, l'orang-outan n'est peut-être pas un « banal babouin » de plus…

Tandis que les scientifiques s'interrogent (a-t-on affaire à un animal ou à quelque chose d'autre?), Jacques le jocko fait le bonheur des gazettes, friandes de nouveautés et de scoops. Mais quel peut être le destin d'un jocko de Sumatra alors que l'automne et sa grisaille pointent leur nez ? Je vous laisse le découvrir en lisant cet opuscule, plein d'humour et tout sauf futile, dans lequel se croise des naturalistes, un singe, Jules Verne et l'ombre de Darwin…

Note
1. Des hommes de caractère - Nantes 1833 : le printemps ouvrier, Ed. du CHT, 2013.