Le fantôme de Spencer porte-t-il un bonnet rouge ?
Par Patsy le lundi, décembre 2 2013, 22:09 - Question sociale - Lien permanent
Chronique (décembre 2013)
Vers le milieu du 19e siècle, les libéraux commencent à prendre conscience qu’il est dans leur intérêt de soulager la misère touchant des pans entiers de la population. La révolte des artisans du textile dans l’Angleterre des années 1810 contre la mécanisation de leur métier et la soumission à l'ordre usinier a marqué les esprits, tout comme les révoltes des canuts lyonnais (ses centaines de morts et ses milliers d'emprisonnés) ont tétanisé les élites politiques et économiques hexagonales. Alors quand des médecins philanthropes explorent les bas-fonds urbains et décrivent par le menu la déchéance prolétarienne (alcoolisme, malnutrition, prostitution, misère, insalubrité...), des voix s'élèvent pour dire qu'en effet l'ordre politique et social peut vaciller si l'on ne remédie pas aux désordres sociaux provoqués par le capitalisme industriel. Et de la bienfaisance à l'action sociale étatique, il n'y a qu'un pas...
Cependant certains ne se résolvent pas à l’idée que des politiques sociales puissent prendre le pas sur la charité et la philanthropie. C’est le cas du philosophe et sociologue anglais Herbert Spencer qui, avec un ouvrage comme « L’individu contre l’Etat » (1885) se fait le pourfendeur de l’Etat social.
Il avance plusieurs arguments pour cela. Le premier est qu’il déresponsabilise les individus. Le second est que « la sympathie pour une personne qui souffre supprime, pour le moment, le souvenir des fautes qu’elle a commises ». Pour Spencer, on n'est pas toujours pauvre sans l'être par sa faute ; en d’autres termes, il oppose la misère des pauvres méritants à la misère des pauvres déméritants.
Il ajoute que les politiques sociales portées par l'Etat le transforme en une énorme machine bureaucratique impliquant « la création de nouveaux agents régulateurs, un plus grand développement du fonctionnarisme et une augmentation de la force des corps de fonctionnaires », tout chose qu'il faut payer ! Bref, cet Etat, pour remplir sa mission, doit accabler d’impôts la population, notamment « les pauvres dignes d’intérêt (…) qu’on accable de charges pour venir en aide aux pauvres indignes de tout intérêt. »
En France, Spencer a fait à ma connaissance peu d'émules, et pas un libéral ne défendrait aujourd'hui son Etat minimal, la liquidation de tous les filets sociaux de protection et la soumission des pauvres à la bonté d'âme des riches. Cependant les mots qu'il pose sur les désordres sociaux générés par le système capitaliste sont au cœur des discours actuels sur la fiscalité et l'usage qu'il en est fait : le pauvre est toujours soupçonné et soupçonnable.
Si je vous parle de Spencer aujourd'hui, ou plutôt de son fantôme, c'est parce qu'une photo de presse relative à la manifestation du 30 novembre des bonnets rouges m'a frappée (elle fut publiée par Le Monde). A Carhaix, sur les terres même de Christian Troadec, des milliers de personnes ont répondu à son appel à l'Union sacrée contre l'écotaxe et pour la défense de l'emploi en Bretagne. Et parmi toutes ces personnes, l'une d'elles portait une pancarte fort visible sur laquelle on pouvait lire ces mots que Spencer et Sarkozy n'auraient pas reniés : « La France, paradis pour fraudeurs, fainéants, délinquants – Enfer pour les bosseurs. Ré zo Ré (« trop c'est trop » en breton). Merde à l'Europe, merde à cette France. »1
En peu de mots, cette personne nous a livré un beau programme politique. Elle en appelle indirectement à une accentuation du contrôle social pour limiter le nombre de fraudeurs, à la mise au travail autoritaire des chômeurs pour limiter le nombre de chômeurs « fainéants », et sans doute à un durcissement de la politique pénale en cours pour limiter le nombre de délinquants heureux du laxisme actuel. Qu'importe si par la magie des croisements de fichiers sociaux, nous sommes de plus en plus surveillés ; qu'importe si Pôle emploi radie à tour de bras les chômeurs « déméritants » ; qu'importe si les prisons de la république n'ont jamais été aussi pleines...
Evidemment, il fallait bien qu'il dise merde à une Europe qui sert à tout et à rien. Une Europe qui a fait vivre, via la PAC, l'agriculture bretonne pendant des décennies et que maintenant, il est de bon ton de vouer aux gémonies.
Quant aux nationalo/régionalo bretons, ils se rassureront en notant qu'en disant « merde à cette France », cette personne souligne qu'elle en désire une autre et qu'elle ne rêve donc nullement d'Indépendance. Ouf, l'honneur est sauf : le réactionnaire était français...
Mais le plus troublant dans cette affaire est la présence à deux pas d'un militant arborant un autocollant « Sindikad Labourerien Breizh » (Syndicat des Travailleurs de Bretagne), structure ultra-minoritaire certes, mais très nettement à gauche et internationaliste. Je trouve que cela illustre la nature plurielle de ce mouvement des bonnets rouges...
Note
1. Médiapart a présenté une série de photographies prises lors de cette manifestation du 30 novembre. Sur l'une d'elle, on peut y voir une autre pancarte au contenu très révélateur. Jugez plutôt : « Rien ne va plus en France. Pour les riches : fraudes, magouilles... Pour les délinquants : impunité totale. Pour les fainéants : aides sociales à gogo. Pour les smicards : mépris, exploitation, cascade d'impôts et taxes. » Je ne sais si le "teneur de pancarte" est un de ces smicards qui se sent spoliés, mais il y a dans ce coup de gueule des éléments classiques de la rhétorique réactionnaire-populaire où l'on fustige en même temps les "gros" qui profitent, la soi-disant mansuétude de la Justice et les soi-disantes largesses de l'Etat social qui profitent toujours aux autres et jamais à soi, c'est-à-dire à celui qui s'échinent tous les jours pour un salaire qui ne le met à l'abri de rien. Ce sont souvent ce que certains sociologues appellent les "petits-moyens" (membres des classes populaires ayant connu une petite mobilité sociale ascendante) qui développent ce type de rhétorique dans laquelle peuvent se lire, en creux, la hantise bien légitime de la chute sociale et du déclassement. Ils incarnent bien ces « pauvres dignes d’intérêt (…) qu’on accable de charges pour venir en aide aux pauvres indignes de tout intérêt. » (Spencer)
Nota : les camarades de Mouvement communiste ont livré leur analyse de ce qui se trame actuellement en Bretagne. Ce texte est disponible à cette adresse.
Commentaires
Désolé Patsy de polluer ton blog avec un lien vers Marianne http://www.marianne.net/Emmanuel-To... mais Todd a le mérite de mettre les pieds dans le plat et d'aller à contre courant. Cela explique sans doute que les camarades autonomistes/cultureux/biendegôchebretonne soient toutes et tous aller mettre leurs bonnets rouges. Et pourtant, la lecture lutte de classe et écolo me convenait plus que bien http://lacgt44.fr/spip.php?article3...
Quelle époque...
sans développer une analyse aussi affûtée que la tienne, je me permets d'envoyer tes lecteurs à mon billet d'humeur!
Salut à toi, jeune homme et 100% d'accord avec toi.
http://arlequin.blogspirit.com/arch...
Pour moi les bonnets rouges c' est les mêmes types qui me traite de feignasse parceque j' ai pas de CDI, pour ce genre de mec si tu paye pas de "charges sociales" ou que tu bricole pour survivre t' es q' une merde qui bouffe au ratelier des allocs de l' état, potentiellement délinquant, bon, j' suis plutôt yeux bleux et blond j' ai grave du bol! Faudrait leur rappeler d' ou vienne leur subventions à la con, et pour promotionner leur modèle de production débile si ce n' est l' état central (y z' ont bien mis leur gwen a du de coté pour prendre la tune) enfin bon...n'en déplaise à certains camarades anarcho syndicalistes je ne pourrais jamais marcher aux cotés de ce genre de mecs qui milites ouvertement pour ma propre disparition...
C'est marrant de reprocher au mouvement des bonnets rouges d'être hétéroclite donc de sentir le souffre de la collaboration de classe et de l'approximation, et de faire des commentaires à l'emporte pièce en se basant sur une photo du Monde, de tirer des conclusions à partir d'un cliché de Médiapart, deux organes nullement représentatifs de l'élite médiatico-parisiano-mondialisée.... YES!
Tout cela sent la réflexion digne d'un monsieur Prud'homme, sûr de ses valeurs du café du commerce. Merde, j'attendais plus de perspicacité et d'agileté intellectuelle....
PS: j'étais à Carhaix, je n'ai pas vu ce genre de pancarte, je pense qu'il fallait être sur la scène, chercher dans la forêt de gwenn ha du, et flasher trés précisémment.... Au fait qui prétendra n'avoir jamais manifester à côté d'un con?!
Gégé,
Précédemment, je m'étais fendu d'une longue réponse à ton interpellation ; une longue réponse respectueuse du point de vue adverse puisque c'est ma conception de l'échange politique. Avec ta seconde interpellation, je te retrouve sous tes plus beaux atours : arrogant et méprisant pour celui qui pense différemment. Je te laisse faire carrière dans ce registre, il te va comme un gant.
J’ai lu avec attention ton article dans le dernier Courant alternatif et je souscris à l’essentiel de ton analyse… sauf quand tu évoques le mouvement lui-même où là, j’avoue, n’avoir apprécié que ton numéro d’équilibriste ou de prestidigitateur. Le fait que l’initiative du collectif carhaisien soit relayée par le MEDEF et la FDSEA 29 est évacuée en une ligne, comme si cela n’avait aucune signification politique, pour réapparaître cinquante lignes plus loin sous la forme d’un laconique « Effectivement, le porte-parole du mouvement, Troadec, exprime clairement une volonté d’associer tous les groupes sociaux ». Bin ouais, on a beau tourner le problème dans tous les sens, on se retrouve au même point : les initiateurs de ce mouvement prône l’Union sacrée (ou bien encore l’union sacrée bretonne contre l’Etat jacobin français) et non la lutte des classes au nom des intérêts supérieurs de la « région » ! Je n'ai jamais dit ou écrit autre chose que cela, et je n'ai jamais réduit ce « mouvement » à son aile droitière et réactionnaire. J'ai même écrit : « Je n'ai pas peur d'une récupération de droite extrême de ce mouvement (aussi bien par l'Institut de Locarn que par les Identitaires) mais bien plus de l'instrumentalisation du désarroi social par quelques notables drapés dans le torchon tricolore ou le torchon noir et blanc ».
En fait, notre désaccord est simple : tu vois des potentialités « révolutionnaires », « anti-capitalistes » dans ce mouvement ce qui, selon toi, doit justifier qu’on s’y implique, tandis que moi, je considère que la nature revendiquée du mouvement (rejet de la lutte des classes, affirmation d’une identité singulière) et la composition sociologique des manifestants (ouvriers, artisans, travailleurs indépendants, patrons) le condamne à se déliter "sous le poids de ses contradictions internes" ou à se transformer en machine électorale pour une réforme de la régionalisation. Ni plus, ni moins. « C'est mon avis et je le partage. » (Monsieur Prudhomme)
Quant à savoir si je n'ai jamais manifesté avec un con, la question ne se pose pas puisque le con ne connaît pas de frontière idéologique et peut donc être de droite, de gauche ou bien communiste-libertaire, comme toi et moi.
Révoltes et pseudo-révolutions sans drapeaux
De toutes les couleurs – orange, jaune, rouge
De toutes les fleurs œillets, tulipes, rose
(…)
Des mouvements ont surgi depuis 2008, mouvements qui sont inclassables selon les critères traditionnels de la lutte de classe. Ils sont inclassables parce qu’ils regroupent des éléments disparates en terme d’appartenance sociale et dont les intérêts sont et restent antagonistes, du moins dans un fonctionnement « normal » du système capitaliste.
Ils sont aussi indéfinissables quant à leurs objectifs. Apparemment il y a presque toujours u objectif immédiat politique sous la forme d’un ultimatum : la démission d’un dirigeant, l’annulation d’une mesure gouvernementale récente. En fait, sauf peut-être en termes très vagues, l’accouchement d’une autre société n’est pas évoqué. En e sens le mouvement Ocuppy aux USA s’est différencié de l’ensemble des autres mouvements nationaux du même genre car il n’est pas parti d’une revendication politique ponctuelle (de même pour le mouvement espagnol).
Le mouvement breton n’échappe pas à ce caractère quasi général car l’écotaxe n’est qu’un prétexte, pas propre à la Bretagne mais plus accusé par l’accumulation de particularités régionales.
Même quand ces mouvements restent pacifiques (ils peuvent devenir violent dans leur répression), ils sont une contestation directe des symboles de l’autorité de l’Etat : occupation permanente sans autorisation d’un lieu public, destruction d’un portique de l’écotaxe ou de radar ; on peut rapprocher ces symboles (dénoncés non entant que tels mais comme des gestes absurdes contre des éléments utiles à tous) des destructions ou du vandalisme des symboles de l’autorité dans les émeutes de banlieues. Cette lutte regroupe des éléments hétérogènes qui n’ont pas les mêmes raisons de s’opposer à l’autorité de l’Etat, un Etat de qui, en revanche, est souvent attendue une autre intervention.
On peut s’étonner en ce qui concerne le mouvement breton, de voir ainsi associer dans un large mouvement de protestation travailleurs et patrons, pour des objectifs qui peuvent servir uniquement aux patrons et/ou parfois aux deux classes antagonistes. Cela n’a rien de nouveau : souvent a-t-on vu dans le passé les deux éléments capital - travail se retrouver pour « sauver » l’entreprise et, partant, le travail des exploités (c’est la fonction de l’ANI qui a déjà fait l’objet d’accord de sauvetage acceptés par les travailleur). Que faire dans de tels cas ? On peut bien sûr formuler des jugements, des condamnations. C’est aux travailleurs concernés de décider. C’est la solution pratique quilleur évite le pire, et nullement un position de principe dans laquelle ils abdiqueraient leurs droits et trahiraient leur condition de prolétaires. Au lieu de parler de « collaboration de classe » et d’abandon de la lutte, on devrait plutôt considérer que dans de telles circonstances, le « rapport de forces » s’est, pour un temps, modifie dans l’entreprise « sauvée » : il ne s’agit pas d’une reconnaissance » mais du simple fait que celui qui contribue, d’une manière ou d’une autre, à ce sauvetage, a pris une certaine forme de pouvoir de gestion et peut chercher à le faire valoir non en parole mais en actes.
Un autre point doit être souligné eu égard à ce que certains jugent comme « collaboration de classe ». cela se produit de faire route ensemble, entre groupes sociaux ayant des intérêts opposés dans le système : même si les intéressés ne sont pas trop conscients des ambiguïtés de leur situation, celle-ci n’en est pas moins toute provisoire et à tout moment, les divergences d’intérêts font de nouveau diverger le chemin commun. Il y a toujours une énorme distance entre la réalité sociale (souvent pleine de contradiction) et la théorie que l’on pense appliquer à de telles situations.
Il est bien possible que l’écotaxe soit une manipulation pour aire basculer des intérêts capitalistes dans un sens ou dans un autre, mais, une fois que l’on a expliqué cela avec force détails, quel rôle en dehors des affrontements politiques, cela a-t-il joué dans le mouvement breton ?
Même si l’on peut considérer que pour certains acteurs du mouvement, c’était plus qu’un symbole contre l’autorité de l’Etat, ce l’était pour d’autres qui se fichaient éperdument de cette taxe qui ne les concernait pas directement : elle polarisait la frustration de la situation économique de la Bretagne avec ses spécificités (par exemple le marasme de l’agrobusiness). Le camarade Breton (sic ?) souligne bien le rôle que les luttes existantes, pas seulement celle de Marine Harvest, ont pu jouer pour donner une dimension toute autre à la fronde des patrons contre l’écotaxe (dimension illustrée par le fait que cette fronde s’est quelque peu dégonflée par les concession faites chez Marine Harvest, intentionnellement, pour que le mouvement ouvrier ne s’étende pas).
Cette dernière constations rapproche le mouvement breton de ce qui s’est passé en Tunisie ou en Egypte lors du printemps arabe, où l’objectif de départ du dirigeant n’a été acquis qu’après l’entrée en lutte des prolétaires, d’un côté les mineurs de Gafsa, de l’autre les ouvriers du textile de Mahalla. Mais contrairement à ce que ce camarade cite pour la Bretagne, les travailleurs tunisiens ou égyptiens n’ont rien obtenu et se sont rapidement dissociés du mouvement, tout en maintenant leurs revendications.
Il y a pourtant de grandes différences, malgré ce que nous venons de souligner, entre le mouvement breton et les autres mouvements mondiaux :
• Il s’agit de manifestations classiques limitées dans l’espace et le temps, en aucune façon une occupation permanente d’un lieu public ;
• Dès le départ, ces manifestations n’en sont pas moins « organisées » par des institutions professionnelles et/ou politiques, et ne sont pas l’explosion spontanée, lors d’un événement ponctuel relativement mineur, qui s’autocontrôle en quelque sorte. Il s’agit d’une participation certes puissante, passant en partie par les réseaux sociaux, mais plus ou moins encadrée hors du mouvement lui-même.
Ce sont ces caractères mêlés et quelques peu contradictoires qui expliquent les ambiguïtés de tout e mouvement et qui paradoxalement en font la force temporaire. C’est ce qui explique aussi les prises de positions contradictoires des différentes organisations politiques ou syndicales ou des individus, chacun s’attachant à un aspect spécifique du mouvement qu’il considère comme essentiel (on doit aussi tenir compte dans ces prise de positions de la tendance congénitale des organisations diverses de se placer dans tout événement en vue d’un recrutement ou d’une image éventuelle pour « son » organisation).
(…)
Extrait de « Dans le monde une classe en lutte – décembre 2013.
http://www.mondialisme.org/spip.php...
(Ce numéro de décembre n’est pas encore en ligne)
Je souscris à cet effort d'analyse du mouvement des bonnets rouges, qui prend notamment en compte le double mouvement de mise en sourdine de la mobilisation des ouvrier-e-s de l'agro alimentaire au pied du mur, et de mise en valeur médiatique de l'opération bonnets rouges à Pont-de-Buis, mouvement qui a fixé par la suite la couleur politique de la mobilisation, notamment par le mécanisme décrit en fin de texte. De toute façon, les patrons en pointe dans cette histoire ont été gavés, les prolos ont au maximum obtenu le droit de continuer à se faire exploiter ou de se barrer avec un peu plus de fric qu'à l'origine. Vue la situation économique, on ne devrait pas en rester là. Peut-être que la bagarre autour du projet capitaliste de NDDLandes éclaircira la question en la faisant rebondir sur l'utilité des investissements... Quoi produire, pour qui, comment?