Imaginez donc les discussions fiévreuses et passionnées qu'eurent les communicants et le petite satrape de Neuilly avant de nous pondre un tel chef d'oeuvre d'audace. Que veulent les Français ? Ils veulent du travail, un accès à la santé moins onéreux et un avenir pour leurs gosses, bref toutes choses largement incompatibles avec les politiques mises en œuvre depuis des lustres sous nos cieux, puisque ces politiques ont eu pour conséquences concrètes de générer de l’emploi précaire, d’abaisser le niveau des remboursements des médicaments et de faire comprendre aux jeunes que le CDD était l’horizon indépassable de nos temps néo-libéraux. Bref, pas possible de bâtir un slogan à partir de ces thématiques-là. Reste la Sécurité, avec un s majuscule qui fît dire jadis au vieux Marx qu’elle était « la notion sociale la plus haute de la société bourgeoise, la notion de la police : toute la société n'existe que pour garantir à chacun de ses membres la conservation de sa personne, de ses droits et de ses propriétés. » Ca marche bien cette idée-là, parce qu’on a toujours peur du plus pauvre que soi. Mais ce n’est pas pour cette raison que le slogan a été choisi. L’idée centrale est bien de nous faire comprendre que face au monde et à ses tourments, la France se doit d’être solide comme un roc comme jadis elle le fut du temps du général De gaulle.

« La France forte ». 13 lettres pour symboliser cette posture, ce vaisseau France naviguant sur des eaux tumultueuses avec, en amiral, Nicolas lui-même, et dans la chaufferie, le populo qu’en chie grave et en perd la santé.
13 lettres, donc. Et je ne sais si ce fait-là n’est pas à relever. Car le chiffre 13 est singulier, symbolisant aussi bien la chance que le malheur. N’a-t-il pas organisé son premier grand meeting à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, département n°13 ?

Par exemple, Jésus Christ prit son dernier repas en compagnie de douze apôtres, ce qui fait 13. La chance, c’est que ce repas est passé à la postérité ; le malheur, c’est que l’hippie efflanqué se retrouva au gnouf juste après. Prenons quelques exemples : « Tais-toi Morano » comprend 13 lettres. Je pense que nombre de politiciens de droite ont intimement honte des saillies verbales de la députée de Meurthe-et-Moselle. D’un côté, ils se disent que la stupidité peut rapporter gros en politique, mais de l’autre, on apprécie guère d’être l’objet des railleries par la faute d’un pair.
Autre exemple : « Courage Fillon » comprend 13 lettres. Je suis sûr que nombre de députés de droite n’apprécie guère que Nicolas Sarkozy néglige à ce point celui qui fut son premier ministre pendant cinq ans. Je n’ai pas eu le courage de suivre son premier meeting de campagne, mais je crains qu’il n’ait pas cité une fois François Fillon. Il n’a eu que du « Je » à la bouche, que du « Moi ».
Et je pourrais continuer ainsi : « Guéant raciste » fait treize lettres, tout comme « Patience Coppé », « Haut les cœurs ! », « Le FMI t’emmerde », « DSK gros cochon » ou encore « La Bourse monte, le peuple crève » qui en fait 26, soit 2 fois 13.
Dernier exemple, et peut-être le plus significatif : « Ségolène Royal » comprend 13 lettres. En 2007, cela a porté chance à Nicolas Sarkozy. C’est pour être pour cela qu’en 2012, il a choisi un slogan de 13 lettres. Ah, on me signale que « Ta gueule Patsy » fait également treize lettres. Le message est entendu, je m’arrêterai donc là…