L'amour est dans le prêt : le meilleur des mondes (5)
Par Patsy le mercredi, novembre 30 2011, 12:34 - Actualité internationale - Lien permanent
Chronique n°8 (décembre 2011)
Souvenez-vous. Nous sommes en 1984, à Douaumont, devant le monument aux morts honorant comme il se doit les victimes de la Grande Boucherie de 1914-1918. Là, François Mitterrand colle sa mimine d’ancien partisan de l’Algérie française dans celle de Helmut Kohl, chancelier de la Bundesrepublik. Que notre président d’alors semblait petit aux côtés de son alter ego allemand, avec son double-mètre et son quintal. Mais avouons-le, l’image avait de la gueule, témoignant de la volonté indéfectible de l’Etat français et de l’Etat allemand de s’unir pour le meilleur en conjurant le pire.
Souvenez-vous. Nous sommes en novembre 2011, à Cannes, dans le cadre du G 20. Là, Nicolas Sarkozy pose sa mimine d’ami intime de Claude Guéant sur l’épaule d’Angela Merkel. Que notre président semble fatigué et abattu aux côtés de la nouvelle Dame de fer de l’Europe libérale.
Tout ça à cause des Grecs. Car bien sûr les Grecs sont en cause. Du balayeur à l’ouvrier, de la secrétaire à l’enseignant, le Grec a fait des dettes et doit les rembourser. Et il doit d’autant plus le faire qu’il a menti sur l’état de son compte en banque. Logique puisque « L’Etat, c’est nous » comme l’on dit en démocratie bourgeoise. D’une certaine façon, c’est vrai. Ce sont les Grecs qui, par le sacro-saint bulletin de vote, ont mis au pouvoir depuis des décennies des politiciens, de gauche ou de droite, pour qui la politique est une carrière bien plus qu’un sacerdoce.
Mais ce temps-là est révolu. Si les politiciens ne sont pas capables de prendre leurs responsabilités, c’est-à-dire d’appliquer avec froideur les réformes indispensables à la survie d’un système inique, il faut faire en sorte de les remplacer par des animaux à sans froid. Et le serpent en est un.
Exit donc Georges Papandréou et Silvio Berlusconi. Place à Lucas Papademos et Mario Monti. Le premier fut vice-président de la Banque centrale européenne, le second, membre de la Commission européenne à deux reprises. L’Europe est une chose trop sérieuse pour être confiée à des bateleurs de foire qui n’ont en vue que la prochaine échéance électorale ; il convient donc de remettre son destin entre les mains de super-technocrates, du type reptile, capable de vous étouffer, de vous tétaniser ou de vous liquider sans sourciller et sans état d’âme avec leurs plans d’austérité. Et la police sera là pour veiller à ce que les peuples restent à leur place : celle de victimes.
Le règlement de la crise des dettes souveraines passe ainsi par la mise sous surveillance, voire la mise sous tutelle des Etats défaillants de la zone Euro, en cas de non-respect du sacro-saint pacte de stabilité. Pour la première fois dans l’histoire, si je ne m’abuse, des Etats européens vont subir ce que les grands de ce monde, via le FMI et la Banque mondiale ont imposé et imposent encore sur tout le globe à de plus faibles qu’eux : un bon vieux plan d’ajustement structurel. Autrement dit, liquidation des services publics (enseignement, santé), privatisation des entreprises publiques, suppression des aides à l’agriculture et opérations portes ouvertes pour les investisseurs du monde entier dont on connaît l'empathie pour les gueux. Le meilleur de leur monde, en somme.
Commentaires
Hé oui, plus besoin d'aller chez les grecs pour se faire... voir.
Le seul point positif c'est que ce système de dettes souveraines à la con va nécessiter tellement de pognon pour être renfloué quand il se cassera la gueule qu'aucun état ne sera en mesure de le faire. Les banques centrales ne le veulent pas, les "petites" banques d'affaires seront en faillite et il ne restera plus qu'a trouver une autre solution. Quand la connerie mène le monde... il s'écroule et ça laisse beaucoup de place.
les deux cités (Monti et Papademos) sont des anciens cadres de Goldman Sachs comme tu le sais sûrement.
.Ainsi l'institution responsable de la manip des comptes grecs se voit octroyé une prime de bonne gouvernance !!!
Voilà ceux que l'on présente aux peuples comme des sauveurs c'est-à-dire des modèles !
Salut Patsy.
A la base, il y a la baisse tendancielle du taux de profit décrite par Marx. La crise est au capitalisme ce que la merde est à la mouche.
Dans sa recherche continuelle de profit, l'idée a toujours été de transférer les emplois industriels vers des contrées plus favorable aux profits, par exemple des pays dits émergents.
Pour que l'Européen ou l'Américain (l'individu, mais aussi l'Etat) continuent de consommer, après avoir multiplié des emplois globalement improductifs (la bureaucratie n'est pas l'apanage des anciennes démocraties populaires), il a été fait appel à l'emprunt massif.
Empruntez, consommez.
N'empêche qu'un emprunt n'est jamais un cadeau.
Le résultat est là. Tout le monde est dans la merde, même les révolutionnaires.
Tiens, comment reprendre en autogestion des entreprises dont la finalité n'est pas de produire des richesses (il en reste quelques unes quand même), mais de permettre la circulation du fric (les banques, les assurances, AREVA, PSA, Renault, EADS, Alstom, Bouygues, Vinci) ?
Bon, la révolution quand même !
Mais ça ne sera pas un diner de gala.