Souvenez-vous. Nous sommes en novembre 2011, à Cannes, dans le cadre du G 20. Là, Nicolas Sarkozy pose sa mimine d’ami intime de Claude Guéant sur l’épaule d’Angela Merkel. Que notre président semble fatigué et abattu aux côtés de la nouvelle Dame de fer de l’Europe libérale.

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Tout ça à cause des Grecs. Car bien sûr les Grecs sont en cause. Du balayeur à l’ouvrier, de la secrétaire à l’enseignant, le Grec a fait des dettes et doit les rembourser. Et il doit d’autant plus le faire qu’il a menti sur l’état de son compte en banque. Logique puisque « L’Etat, c’est nous » comme l’on dit en démocratie bourgeoise. D’une certaine façon, c’est vrai. Ce sont les Grecs qui, par le sacro-saint bulletin de vote, ont mis au pouvoir depuis des décennies des politiciens, de gauche ou de droite, pour qui la politique est une carrière bien plus qu’un sacerdoce.

Mais ce temps-là est révolu. Si les politiciens ne sont pas capables de prendre leurs responsabilités, c’est-à-dire d’appliquer avec froideur les réformes indispensables à la survie d’un système inique, il faut faire en sorte de les remplacer par des animaux à sans froid. Et le serpent en est un.
Exit donc Georges Papandréou et Silvio Berlusconi. Place à Lucas Papademos et Mario Monti. Le premier fut vice-président de la Banque centrale européenne, le second, membre de la Commission européenne à deux reprises. L’Europe est une chose trop sérieuse pour être confiée à des bateleurs de foire qui n’ont en vue que la prochaine échéance électorale ; il convient donc de remettre son destin entre les mains de super-technocrates, du type reptile, capable de vous étouffer, de vous tétaniser ou de vous liquider sans sourciller et sans état d’âme avec leurs plans d’austérité. Et la police sera là pour veiller à ce que les peuples restent à leur place : celle de victimes.

Le règlement de la crise des dettes souveraines passe ainsi par la mise sous surveillance, voire la mise sous tutelle des Etats défaillants de la zone Euro, en cas de non-respect du sacro-saint pacte de stabilité. Pour la première fois dans l’histoire, si je ne m’abuse, des Etats européens vont subir ce que les grands de ce monde, via le FMI et la Banque mondiale ont imposé et imposent encore sur tout le globe à de plus faibles qu’eux : un bon vieux plan d’ajustement structurel. Autrement dit, liquidation des services publics (enseignement, santé), privatisation des entreprises publiques, suppression des aides à l’agriculture et opérations portes ouvertes pour les investisseurs du monde entier dont on connaît l'empathie pour les gueux. Le meilleur de leur monde, en somme.