L’unité fait la force, c’est bien connu. Alors elles s’unissent. Et elles grossissent, grossissent, grossissent. Elles engloutissent des petites banques, comme elles, qui n’ont pas osé prendre le train de la modernité qui passait devant elles. Elles engloutissent du comestible, et du moins comestible, avec ardeur, frénésie. Elles bâfrent du solvable et de l’insolvable, mais qu’importe ! Et elles prêtent beaucoup aux collectivités locales, à Tataouine-les-Bains pour son complexe sportif ultra-moderne ou aux colonies juives qui poussent telles des champignons dans les territoires occupés palestiniens. Business is business. Dans ce monde sans pitié pour les gagne-petits et les humbles, il faut être gros, très gros, énorme, gigantesque, impressionnant, plein de morgue et sans pitié.

Et patatra. La crise, celle des subprime, éclate aux Etats-Unis. La boulimique Dexia, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, se retrouve soudain congestionnée par des foutus prêts toxiques. Elle pensait dormir sur un solide matelas de biffetons, des verts à tête de Washington ou de Lincoln, elle avait tort. Elle dormait sur un matelas de plumes troué qui se rapetissait à vue d’œil. Alors, elle s’en est allé chercher de l’argent frais ailleurs, mais « les marchés » ne sont pas fous (enfin, pas tout le temps) : ils voient bien que la chaussure en cuir modèle italien cache une chaussette trouée. Et que le trou a toutes les chances de s’agrandir puisque Dexia a eu le bon goût de s’encombrer de 20 milliards de titres de dettes européennes provenant de pays à risque, du genre Grèce, Espagne ou Portugal.

La confiance donc, « les marchés », ils ne l’ont plus ; alors s’ils prêtent, ce sera à leur condition. En clair, Dexia est piégée : elle prête à long terme à taux fixe tout en se finançant à court terme à taux variable sur le marché, et ça, chers auditeurs, vous le comprendrez aisément, ce n’est guère bon signe. Alors, ce qui devait arriver, arriva : Dexia est morte, et son président, Pierre Mariani, va devoir s’asseoir sur son salaire annuel d’un million d’euros, soit 200 000 euros de plus que son prédécesseur, Axel Miller, chassé en 2008 pour cause de gestion hasardeuse et qui, sous la pression notamment de Nicolas Sarkozy, a dû renoncer à son parachute doré de 3,7 millions d’euros, et se contenter d’une année de traitement en guise de prime de licenciement, soit 825 000 euros. Ca lui fera les pieds !