Qu'ils s'en aillent tous !
Par Patsy le lundi, mai 23 2011, 20:14 - Actualité internationale - Lien permanent
Chronique n°23 (mai 2011)
Il y a dix ans, dans les rues de Buenos Airès, les Argentins descendaient dans les rues et scandaient « Que se vayan todos » ! Qu'ils s'en aillent tous ! Cri d’un peuple en pleine paupérisation conspuant d’une même colère politiciens et banquiers.
En Espagne, un même cri se fait entendre. Après l’Islande, la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne est entrée dans une crise grave. Elle aussi a surfé sur la bulle immobilière, jouant la carte du tourisme de masse. Croissance en berne, chômage massif des jeunes… la situation sociale, outre-Pyrénées, est des plus inquiétantes. Il n’est pas étonnant de voir les jeunes adultes se retrouver en première ligne dans ce combat. Certains sont clairement anticapitalistes et critiques à l’égard de la démocratie bourgeoise. D’autres espèrent encore que les politiciens soient en mesure d’inverser le cours néolibéral des choses. C'est aux premiers que je vais donner la parole ce soir en vous lisant de larges extraits d'un texte trouvé sur un site internet intitulé « Des nouvelles du front ».
"QU’ILS PARTENT TOUS !"
Nous sommes nombreux ces derniers jours à affluer dans les rues pour protester (…) Nous ne supportons plus que quelques uns se remplissent les poches et vivent comme des rois pendant que d’autres se serrent la ceinture au-delà de toute limite afin de maintenir en forme la sacro-sainte économie. Nous savons que pour changer tout cela nous devons lutter nous-mêmes, en marge des partis, syndicats et autres représentants qui veulent nous prendre en charge.
Nous voulons exprimer notre refus complet de l’étiquette de citoyen. Sous cette étiquette on agglutine toute sorte de bestioles, du politicien au chômeur, du dirigeant syndical à l’étudiant, du patron le plus prospère au plus misérable des ouvriers. On mélange des modes de vie totalement antagoniques. Pour nous, il n’est pas question d’une lutte de citoyens. C’est une lutte de classe entre exploiteurs et exploités, entre prolétariat et bourgeoisie comme disent certains. Chômeurs, travailleurs, retraités, immigrés, étudiants…nous faisons partie d’une classe sociale sur laquelle retombent tous les sacrifices. Politiciens, banquiers, patrons… font partie de l’autre classe qui profite plus ou moins de nos pénuries. Celui qui ne veut pas voir la réalité de cette société de classe vit au pays des rêves.
Il est temps de réfléchir et de bien orienter notre pratique. L’hétérogénéité est grande. Il y a là des compagnons qui luttent depuis longtemps contre ce système, d’autres qui manifestent pour la première fois ; certains pour qui il est clair qu’il « faut aller jusqu’au bout » ; certains parlent de réformer certains aspects, d’autres encore sont désorientés, d’autres veulent manifester leur ras-le-bol… Il y a également, il ne faut surtout pas l’oublier, ceux qui tentent de pêcher en eaux troubles, ceux qui veulent canaliser ce mécontentement, en profitant des faiblesses et de l’indécision du mouvement.
En discutant avec les compagnons dans les rues, nous nous sommes aperçus que notre force est dans ce rejet, dans ce mouvement de négation de ce qui nous empêche de vivre. C’est ce qui a forgé notre unité. Il faut suivre cette voie. Nous n’apporterons aucune solution à nos problèmes en exigeant d’améliorer la démocratie, et même pas en revendiquant la meilleure des démocraties. Notre force consiste dans le rejet de la démocratie réelle, « en chair et en os », dont nous souffrons quotidiennement, et qui n’est rien d’autre que la dictature de l’argent. Il n’est pas d’autre démocratie. C’est un piège que de revendiquer cette démocratie idéale et merveilleuse, dont on nous a rebattu les oreilles depuis notre enfance. De la même façon, il ne s’agit pas d’améliorer cet aspect ou cet autre, car l’essentiel continuera à marcher : la dictature de l’économie. Il s’agit de transformer totalement le monde, de tout changer de bas en haut. Le capitalisme ne se réforme pas, il se détruit. Il n’est pas de voie intermédiaire. Il faut aller au fond, il faut aller à l’abolition du capitalisme.
Nous ne pouvons en rester là. Il s’agit de continuer le mouvement, de créer et de consolider des organisations et des structures pour la bagarre, pour la discussion entre compagnons, pour affronter la répression qui a déjà frappé à Madrid et Grenade. Il faut être conscient que sans transformation sociale, sans révolution sociale, tout continuera comme avant.
Nous appelons à continuer de manifester notre refus du spectacle, du cirque électoral de toutes les manières possibles. Nous appelons à la formation de structures de luttes, à coordonner le combat, et à lutter dans les assemblées qui sont en train de se monter afin de faire de celles-ci des organes de lutte, de conspiration, de discussion sur la lutte, et non des meetings citoyens. »