Le Monde comme il va - Tag - Parti socialisteLe Monde comme il va, magazine anticapitaliste et libertaire, était une émission de radio hebdomadaire diffusée tous les jeudis à partir de 19h10 sur Alternantes FM, entre janvier 1999 et juin 2011. L'émission hebdomadaire a été remplacée par une chronique hebdomadaire diffusée chaque vendredi matin à 7h55 dans le cadre des Matinales d'Alternantes FM, toujours !2024-03-24T21:48:22+01:00Patsyurn:md5:18ad09a0b93313ed3ffae6b27434a016DotclearUn socialiste honnêteurn:md5:19cada389e678afd539e0a8cf04c39602014-09-15T15:20:00+01:00PatsyActualité politiqueParti socialiste<p>Chronique (septembre 2014)<br />
<br />
Déjà, avec l'affaire Cahuzac, le PS en avait pris un coup, et un bon. Certes, il n'était pas le premier politicien de gauche (enfin, de cette gauche-là) à être malhonnête et âpre au gain. Mais bon, après cinq ans de sarkozysme, et sous le patronage viril d'un président se qualifiant lui-même de « normal », on aurait pu s'attendre à mieux, c'est-à-dire, à moins pitoyable. Mais non, Cahuzac a mis la barre à ce point haut qu'on se dit que non, il sera impossible à un coéquipier de faire mieux, c'est-à-dire pire. <br /></p> <p><img src="http://patsy.blog.free.fr/public/.Thevenoud_m.jpg" alt="Thevenoud.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="Thevenoud.png, sept. 2014" /></p>
<p>Mais voilà, personne ne connaissait Thomas Thévenoud. Honnêtement, vous aviez entendu parler de ce Dijonnais, père de « deux jumelles » comme le dit si bien wikipedia (à moins que ce ne soit de trois triplés ? Sait-on jamais!) ? Vous aviez retenu qu'il était secrétaire d'État chargé du Commerce extérieur, du Développement du tourisme et des Français de l'étranger ? Saviez-vous qu'il était diplômé de l'IEP de Paris, l'Institut d'études politiques, ce que certains appellent la « boîte à conformisme » ?<br /></p>
<p>Non, à part les habitants de Saône-et-Loire, territoire dont il tire son mandat de député, personne ne connaissait Thomas Thévenoud. D'ailleurs cela aurait du nous mettre la puce à l'oreille. De la même façon que le choix de Jean-Marc Ayrault comme Premier ministre était de nature à nous inquiéter. A la façon d'un Sarkozy choisissant Fillon, François Hollande s'est choisi un premier ministre d'une personnalité aussi tonitruante et charismatique qu'une endive sans jambon. C'est bien la preuve que les personnalités d'exception se font rares pour incarner l’État. Où sont passés les De Gaulle, les Mitterrand, les Mendès-France ? Z'ont disparu ! On pouvait leur reprocher à juste titre plein de choses, mais au moins, on les pensait cultivés. Avec Sarkozy, c'est sûr, la culture en a pris un coup. Avec Hollande, elle n'existe que par alliance…<br /></p>
<p>Bref, il m'a semblé utile en ce mois de septembre 2014 d'aiguillonner Manuel Valls. Non dans le choix des bolcheviks devant l'entourer car il est évident que je lui fais confiance pour trouver des hommes de gauche pensant comme des gens de droite au sein du Parti socialiste ; nous savons depuis Tony Blair que tout est compatible. Non, il m'a semblé utile de l'aider à repartir à la reconquête des âmes meurtries qui considèrent sottement que les hommes politiques sont tous pourris. C'est faux : ils ne le sont pas toujours et pas tout le temps !
Et quoi de plus beau et lyrique que ce texte publié sur une affiche produite en l'an de grâce 1871 par le Comité central de la Commune. A n'en pas douter, je suis persuadé que Manuel Valls et toi-même, cher auditeur-électeur, vous ne pourrez être que touchés par la volonté farouche de nos communards de faire que les représentants du peuple soient à la hauteur de ceux qui les élurent : « Citoyens, Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne considèrent que leurs propres intérêts et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l'action ; ils sacrifieront tout à un discours, à un effet oratoire ou à un mot spirituel. Évitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du Peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c'est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Nous sommes convaincus que, si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considéreront jamais comme vos maîtres. »</p>Le compromis ou "la rue"urn:md5:353cb9a11e9631778f22e20df3bc1ea12012-05-09T22:44:00+01:00PatsyActualité internationaleAllemagneEuropeParti socialiste<p><strong>Chronique n°20 (mai 2012)</strong><br />
<br />
Les urnes ont donc rendu leur verdict. Le Flamby corrézien a eu raison du Carnassier de Neuilly. Je devrais arrêter d'ailleurs de traiter François Hollande de Flamby, non parce que cela serait insultant pour ce produit lacté, ne faites pas de mauvais esprit, mais parce qu'il a prouvé lors de cette campagne qu'il était bien plus malin que ne pouvaient le penser ceux qui ne voyaient en lui qu'un second couteau tout juste bon à juguler les ardeurs des éléphants de la rue Solferino.<br />
<img src="http://patsy.blog.free.fr/public/.21108-francois-hollande-premier-secretaire-637x0-1_s.jpg" alt="21108-francois-hollande-premier-secretaire-637x0-1.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="21108-francois-hollande-premier-secretaire-637x0-1.jpg, mai 2012" /></p> <p>François Hollande est donc notre nouveau président de la République. Je devrais plutôt dire que Nicolas Sarkozy n'est plus notre président de la République car il semble plus juste de dire que la répulsion à l'égard du petit satrape de l'Ouest parisien a joué un rôle déterminant dimanche dernier. Nous étions loin en ce mois de mai 2012 de la liesse populaire qui accueillit la victoire de Mitterrand en 1981. A croire qu'on ne sait plus se bercer d'illusions en ce bas-monde...<br /></p>
<p>Les urnes ont rendu leur verdict, François Hollande est président et le projet d'aéroport sur Notre-Dame-des-Landes est remisé dans un tiroir<strong>1</strong>. C'est déjà ça de gagné. Les efforts conjugués des militants radicaux, des écologistes, des élus et d'une partie importante de la population locale ont donc eu raison pour l'heure de ce projet contesté et contestable. C'est un camouflet pour Jean-Marc Ayrault et les socialistes locaux mais ils sauront s'en remettre, comme il se sont remis jadis de l'abandon de la construction d'une centrale nucléaire au Carnet, projet qu'ils soutinrent dans les années 1980 du temps des Rocard, Cresson et Bérégovoy. Hollande a pris la bonne décision. Pourquoi s'encombrer d'un projet brinqueballant, onéreux et fâcheux pour un de ces bras droits alors que la zone euro est en pleine panade !<br /></p>
<p>Hollande est un chanceux. Durant la campagne, il a dit et répété qu'il saurait trouver les mots pour convaincre Angela Merkel de revenir sur la politique économique en cours dans la zone euro. A droite, tout le monde lui a ri au nez. Mais voilà que de plus en plus de voix s'élèvent dans les cercles économiques et politiques, y compris libéraux, pour admettre enfin que rajouter de l'austérité à l'austérité n'est pas le meilleur moyen de faire revenir la croissance, l'emploi et la confiance. Quelle aubaine !<br />
Evidemment, Angela Merkel, comme tout être humain, n'est pas prête à perdre la face. Elle sait que la bonne santé économique de l'Allemagne dépend de sa capacité à trouver des acheteurs au sein de la zone euro ; qu'en conséquence, une Europe en pleine récession plomberait son commerce extérieur. Elle sait donc qu'elle va devoir signer un compromis pour sauver la zone euro, éviter un effondrement total de la Grèce et de l'Espagne, voire du Portugal. Elle le sait, et François Hollande le sait aussi.<br /></p>
<p>Je pense également que Merkel et Hollande sont tout à fait conscients des risques politiques encourus par certains pays si d'aventure la crise s'approfondissait. Les risques d'explosion ou d'implosion sociales sont réels avec la montée ça et là de mouvements anti-libéraux et anti-capitalistes d'un côté, nationalistes et xénophobes de l'autre. En bons gestionnaires de la chose capitaliste, Merkel et Hollande savent donc qu'ils ont tout intérêt à ne pas laisser « la rue » leur dicter leur conduite.<br />
<br />
Note : je pêche sans doute par optimisme. Mais pour plus de détails, je vous renvoie à cet <a href="http://www.bastamag.net/article2385.html">article</a>.</p>Le PS est vivant, mais son socialisme est mort. Il a passé l'arme... à droite.urn:md5:d48760f6981d5debcf5f354a5f6337762009-11-22T22:10:00+00:00PatsyActualité politiqueParti socialiste<p><strong>Emission n°9 (novembre 2009)</strong><br />
Fin connaisseur du travail de Pierre Bourdieu, Alain Accardo a publié notamment, chez Agone, un livre court et incisif intitulé <em>Le Petit bourgeois gentilhomme – Sur les prétentions hégémoniques des classes moyennes</em>, et, dans la dernière revue Agone, deux textes aussi drôles et critiques sur les "penseurs critiques" dont je vous donnerai lecture certainement en guise de cadeau de Noël.<br />
Dans la livraison de novembre du journal <em>La décroissance</em>, il a délivré une chronique acide sur le Parti socialiste et sa dernière tentative de relégitimation interne. Ecoutez plutôt...</p> <p>« L’opposition de Sa Majesté Nicolas Ier, je veux dire le PS, vient de se livrer à une opération de communication fort bien menée, en vue de ravaler sa façade décrépite et dangereusement lézardée. L’équipe dirigeante de Martine Aubry, en butte aux difficultés incessantes créées par les irréductibles rivalités internes des courants et de leurs leaders, sur fond de discrédit grandissant à l’extérieur, a eu l’idée de se faire relégitimer en mobilisant les militants sur quelques thèmes porteurs de son choix. Elle a donc soumis au vote des adhérents un formulaire comportant onze questions, dont les deux plus importantes concernaient, l’une, l’organisation de primaires ouvertes à la gauche non socialiste pour désigner le prochain candidat du parti à la présidentielle ; l’autre, la fin du cumul des mandats pour les élus socialistes. <br />
Sur la presque moitié des adhérents du PS qui se sont déplacés pour voter, une nette majorité a approuvé les propositions de la direction présentées sous forme de questions auxquelles il fallait répondre par oui ou par non. L’équipe dirigeante a immédiatement embouché les trompettes de la victoire complaisamment tendues par les grands médias qui se sont empressés de faire écho au chœur de l’autocélébration partisane, et nous n’avons sans doute pas fini d’entendre le PS se gargariser de son « ouverture démocratique », de sa « capacité de rénovation », de son « audace exemplaire », et autres vertus sans pareilles. <br />
C’est à peine si François Hollande a perfidement essayé de tempérer l’enthousiasme débordant, en soulignant qu’il ne s’agissait pour l’instant que de positions « de principe », peuh !… ; la nouvelle n’en a pas moins retenti jusqu’au fond des chaumières : « Noël et Hosanna, Pâques et Alléluia, le PS est ressuscité, il s’est relevé d’entre les morts pour marcher parmi nous, grand est le PS et Martine est son prophète ! » <br />
Toutefois, avant d’applaudir au miracle annoncé, j’aimerais faire part aux dirigeants socialistes de mon regret, partagé par beaucoup d’autres, de ne pas avoir trouvé dans le questionnaire soumis au vote des militants, une douzième question, formulée à peu près ainsi : <br />
« Etes-vous d’accord pour que notre parti cesse de prendre les Français pour des conscrits de la dernière averse et de pratiquer la phrase de gauche dans l’opposition pour faire la politique de la droite une fois au pouvoir ? Etes-vous d’accord pour rompre radicalement avec le social-libéralisme des bourgeoisies européennes et pour renouer en actes avec la doctrine révolutionnaire anticapitaliste de Jaurès, au lieu de nous borner à des génuflexions rituelles devant sa statue comme des dévotes devant une relique ? Etes-vous d’avis qu’il faut élire à notre tête des travailleurs sortis du rang plutôt que des petits-bourgeois friqués et opportunistes sortis de l’ENA ? Etes-vous d’accord pour faire l’Europe des travailleurs plutôt que celle des spéculateurs ? Voulez-vous vraiment mettre un terme à la religion du Capital qui a fait de nous des sectateurs du CAC 40 et des fétichistes du Marché ? Voulez-vous vraiment casser les reins au capitalisme en nationalisant les banques et les grandes industries ? Bref, voulez-vous mériter à nouveau le nom de socialistes plutôt que celui de supplétifs et de régisseurs des affaires bourgeoises, quand ce n’est pas d’apostats et de traîtres à la cause du peuple ? Répondez par oui ou par non. »<br /></p>
<p>Avouez, chers Martine Aubry, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et tutti quanti, que si votre formulaire avait comporté cette douzième question, on y verrait plus clair dans vos intentions réelles et vous auriez même pu faire l’économie des onze autres. Mais en l’absence de ce genre de question, on peut craindre que votre opération ne serve pas même à énoncer des « principes » comme le dit votre camarade Hollande, mais vise seulement à redorer un « socialisme » de pacotille, sans principe et sans conséquence. »<br /></p>
<p>A la lecture de ce texte cinglant et bien tourné, j'ai d'abord beaucoup ri. Mais ensuite, je me suis interrogé. Mon interrogation ne portait pas sur ce qu'Alain Accardo appelle la « doctrine révolutionnaire anticapitaliste de Jaurès » (j'avoue humblement ne pas connaître grand chose de la pensée de Jaurès, mais spontanément, et peut-être à tort, je ne cataloguerais pas sa pensée ainsi)(1), mais sur le lien pouvant encore exister entre le socialisme tel que proposé dans la « question 12 » et l'adhérent socialiste.<br /></p>
<p>J'ai la faiblesse de croire que, majoritairement, les adhérents socialistes n'auraient pas voté « oui » à cette question. J'ai la faiblesse de croire que majoritairement, les adhérents socialistes sont d'accord pour défendre un « socialisme de pacotille, sans principe et sans conséquence ». Parce que je ne crois pas qu'il y ait un réel divorce entre les adhérents et la direction du PS, comme il y a un profond divorce entre le « peuple de gauche » et la direction du PS. Grogner parce que les éléphants s'égratignent en public et donne une mauvaise image du parti n'induit pas que l'on souhaite une autre politique, plus « socialiste ». Cela veut dire que l'adhérent a conscience que seul un parti en « ordre de bataille », rassemblé derrière une figure charismatique, est en mesure de conquérir le pouvoir.<br /></p>
<p>Le PS n'est plus ce qu'il était jadis : un parti doté d'un ancrage populaire non négligeable(2). Cela, Alain Accardo le sait, puisqu'il a critiqué de fort belle manière ces classes moyennes qui ont troqué les espoirs d'émancipation collective pour les joies de l'hédonisme avec code-barres (or, une partie de ces classes moyennes vote, voire milite dans la gauche socialiste)(3). Le poids des élus de tout niveau, et des militants qui travaillent pour eux s'est considérablement accru au sein de l'organisation, ce qui fait que les adhérents « simples » pèsent de moins en moins dans le débat interne. Le PS a fait son Bad Godesberg en adoptant sa nouvelle déclaration de principe en juin 2008, sans que cela ne provoque ni implosion ni départ un tant soit peu conséquent de militants ; et l'on peut dire la même chose à propos du congrès de Reims. Les motions les plus à gauche ont été battues, laminées par celle défendue par Royal, Delanoë, Aubry et consorts. <br /></p>
<p>J'ai le sentiment qu'Alain Accardo ne veut pas se résoudre à voir disparaître le socialisme auquel il tient au profit d'un social-libéralisme blairisé. J'ai le sentiment qu'il ne peut se résoudre à abandonner à son triste sort le Parti socialiste. Il rêve d'un sursaut de l'adhérent de base, bousculant l'establishment, s'emparant de la machine pour lui redonner un souffle, une âme de gauche et empêcher sa dérive. En osant un parallèle historique, cela m'a rappelé la controverse ancienne et célèbre ayant opposé Bernstein et Kautsky, deux figures du socialisme allemand. Nous étions à la fin du 19e siècle(4). Face à Kautsky, le marxiste orthodoxe, Bernstein avançait que les sociaux-démocrates devait avoir « le courage de paraître ce qu'ils sont en réalité, de s'émanciper d'une phraséologie dépassée dans les faits et d'accepter d'être un parti des réformes socialistes et démocratiques ». Bernstein avait raison : la radicalité des propos cache bien souvent le modérantisme de la pratique. Un siècle a passé, et le réformisme d'un Bernstein peinerait à trouver sa place dans le PS d'aujourd'hui.<br /></p>
<p>Rendons-nous à l'évidence : le Parti socialiste est vivant, mais son socialisme est mort. Il a passé l'arme... à droite.<br /></p>
<hr />
<p>(1) Collectif, <em>Jaurès et la classe ouvrière</em>, Ed. Ouvrières, 1981.<br /></p>
<p>(2) Rémi Lefebvre, Frédéric Sawicki, <em>La société des socialistes – Le PS aujourd'hui</em>, Ed. du Croquant, 2006.<br /></p>
<p>(3) Alain Accardo, <em>Le Petit bourgeois gentilhomme – Sur les prétentions hégémoniques des classes moyennes</em>, Agone, 2009.<br /></p>
<p>(4) Emmanuel Jousse, <em>Réviser le marxisme ? - D'Edouard Bernstein à Albert Thomas (1896-1914)</em>, L'Harmattan, 2007.</p>